SCHUWER Michel, Jean, Amédée. Pseudo : LECOMTE

 

Michel Schuwer est né dans la capitale de la Catalogne espagnole, Barcelone le 2 décembre 1919. Sa mère, Isabelle Boxa, était espagnole. Elle avait été modiste avant son mariage avec Frantz Schuwer, un dessinateur publicitaire. Tous deux étaient communistes. Ils eurent un second fils, Jean, né en 1921. La famille revint en France en 1931. Jean Schuwer, engagé dans la résistance communiste, fut arrêté par la Gestapo et fusillé en 1944. Il semble que ce drame familial ait fortement marqué Michel Schuwer et renforcé ses convictions.

 

Pendant la deuxième guerre mondiale, Michel Schuwer, après s’être engagé en 1939 pour la durée de la guerre, poursuit des études d’Espagnol à la Sorbonne. Il y rencontre sa future épouse, Odette Mirel, étudiante comme lui en Espagnol Il est membre des Étudiants communistes et adhère au Front National des Étudiants en 1942 et 1943 sous le pseudo de « Lecomte ». Ces activités sont interrompues en février 1943 parce que Michel Schuwer réfractaire au STO, quitte Paris. Il obtient un poste de professeur délégué d’abord au Mans, dans la Sarthe, puis dans le Rhône, à Lyon. En 1944, revenu à Paris où il habite dans le XIV° arrondissement, il renoue avec le Front National : il travaille alors au Musée de l’Homme. En août 1944, il participe à l’insurrection dans la capitale. C’est alors qu’il adhère au Parti communiste français.

 

Après la guerre, Michel et Odette Schuwer qui ont obtenu l’agrégation d’espagnol, sont nommés en 1946 à Carcassonne dans l’Aude. Tous deux sont membres du Parti communiste depuis 1944. En 1946-1947, Michel appartient au Bureau fédéral de l’Aude. En 1948, les Schuwer sont mutés dans l’Hérault à Montpellier. Deux enfants naissent à Montpellier : Catherine, le 2 octobre 1948, et François, le 2 novembre 1951. Michel enseigne au Lycée Joffre. Il milite au SNES. En 1950, il est secrétaire de la section du Parti communiste de Montpellier. Il adhère au Mouvement de la Paix. En février 1953, il est élu premier secrétaire de la Fédération de l‘Hérault. Il est réélu en 1954. Il aurait fait l’école de quatre mois en 1955. Il donne des articles au Travailleur du Languedoc. Les autres membres du secrétariat sont trois militants bien connus dans le département : un agriculteur, Louis Nadal, et deux ouvriers agricoles, Georges Carrière qui sera en juin 1956 le successeur de Michel Schuwer, et Manuel Bernabeu, issu d’une famille d’immigrants espagnols, qui accèdera au secrétariat fédéral en mai 1957. A l’époque où Michel Schuwer assure le Secrétariat fédéral, Paul Balmigère, qui est considéré comme le personnage le plus influent au sein du Parti dans l’Hérault, réside à Paris : il est au Comité central de 1951 à 1957. Michel Schuwer, qui est reconnu pour ses qualités intellectuelles, est un homme réservé, parfois décrit comme distant : une personnalité fort différente de celle de tribuns communistes alors très populaires en Languedoc comme Raoul Calas et Paul Balmigère. En mai 1955, il est candidat aux élections cantonales de Montpellier 2. Il est en tête au premier tour avec 3 388 voix sur 12 321 suffrages exprimés. Mais au deuxième tour, il n’est qu’en troisième position derrière les candidats de la FGDS et du CNI avec 4 519 voix sur 13 714 suffrages exprimés.

 

En 1956, Michel Schuwer quitte la France avec sa famille pour un séjour de huit mois à Bucarest, en Roumanie où il est appelé à remplacer Denis Bizot comme responsable de l’édition française de l’hebdomadaire Pour une paix durable, pour une démocratie populaire. Denis Bizot avait assuré ces fonctions depuis 1951. De retour en France, à Paris, Schuwer travaille encore pour la presse communiste (l’ Humanité et France Nouvelle). Il a repris un poste de professeur au Lycée Jacques Decour et milite dans la cellule du lycée. Toujours attentif aux évolutions politiques en Espagne, il assure en 1960 le Secrétariat général de la Conférence pour l’amnistie des prisonniers en Espagne. Il participe d’autre part à la rédaction de l’« Histoire du Parti communiste français » paru en 1964 aux Éditions Sociales. Il reste jusqu’au bout un simple militant de la section du 9° arrondissement de Paris où il réside. Sa fille était devenue professeur de mathématiques, agrégée, et son fils, podologue. Il meurt à Paris le 9 mai 1989. Sa femme, Odette, lui survécut 10 ans : elle mourut à Vernon dans l’Eure où exerçait son fils François Schuwer, le 28 octobre 1999.

 

Sources :

Archives départementales de l’Hérault, 541W48, élections cantonales, et 676W195, Partis politiques - Le Travailleur du Languedoc, collection conservée à la Fédération départementale à Montpellier, ZUP de Tournezy - Entretiens et correspondance avec François Schuwer en 1999 et 2000 et avec Maurice Verdier ( Secrétaire de la Fédération de l’Hérault de 1966 à 1987) en 1998 et 1999 – Témoignage de Claude Willard en 1999 – Biographie de Denis Bizot dans le Maitron.

 

Hélène Chaubin.